Remise de la Légion d’Honneur à Nadine BELZIDSKY
A la Grande Chancellerie de la Légion d’Honneur, rue de Solférino à Paris, le Général d’Armée Jean-Louis Georgelin a remis les insignes de Chevalier de la Légion d’Honneur à Nadine Belzidsky, il s’est exprimé en ces termes en l’Hôtel de Salm ce 28 juin 2012 face aux prestigieux invités de la brillante avocate :
C‘est sous le regarde de Napoléon législateur - ici, sur le tympan de ce salon de la rotonde, cœur historique du palais de la Légion d’honneur – que l’éminente juriste que vous êtes va recevoir dans un instant les insignes de chevalier de notre premier ordre national.
Trente-trois années se sont écoulées depuis votre prestation de serment d’avocat devant la cour d’appel de Paris en 1979, trente-trois années que vous avez consacrées à vos concitoyens et vos pairs.
Spécialiste du droit public et fiscal, vous faites vos premières armes sous la figure tutélaire de maître Louis Garaud, avocat au Conseil d’Etat et à la Cour de cassation. Il vous transmet sa passion du droit, son exigence des textes dans lesquels il vous incite à chercher, tel Montesquieu, « l’âme des lois» plus que «leur corps ». Sa droiture est pour vous un exemple déterminant et un guide dans votre apprentissage des relations avec vos clients et vos confrères.
En 1987, vous fondez votre propre cabinet groupé et sept ans plus tard, vous rejoignez en société civile de moyens les bâtonniers Georges Flécheux et Philippe Lafarge. Le bâtonnier Lafarge, grande figure de la profession, est votre second mentor. Sa force de travail et sa vision du métier d’avocat à la cour vous marquent durablement.
De ces deux influences fondatrices, vous conservez la substantifique moelle et nourrissez votre propre conception du métier. Si la réflexion intellectuelle et la rigueur qu’il exige sont pour vous de puissants stimulants, c’est votre rôle de liaison sociale entre vos concitoyens et les administrations qui constitue votre raison d’exercer. Vous vous concevez comme « écrivain public », recueillant les confidences de vos clients, les guidant dans la complexité des démarches à accomplir, apportant ordre et cohérence dans leur vie. Le plus grand complément qu’on puisse vous faire tient dans les mots de l’un de vos clients, résumant comme une évidence l’utilité de vos conseils: « Quand on vient vous voir, on se sent mieux. »
Votre conscience altruiste ne s’arrête pas à vos clients. Elle s’étend à l’ensemble de la profession. Dans les deux années qui suivent votre prestation de serment, en 1980 et 1981, vous vous impliquez dans de nombreuses instances professionnelles. Vous intégrez tout d’abord la Commission permanente de l’Union des Jeunes Avocats du Barreau de Paris ainsi que la Commission Fiscale de l’Ordre des Avocats au Barreau de Paris dans laquelle vous resterez 16 ans. Investie de la confiance de vos pairs, vous adhérez bientôt à la Fédération Nationale des Unions de Jeunes Avocats et devenez membre du Conseil des Barreaux Européens.
Vos multiples activités ne vous dissuadent pas d’assumer d’autres responsabilités encore, au service de la profession. Vous rejoignez des 1980 l’ANAFAA, Association d’Aide et de Conseil aux Avocats en matière comptable, fiscale et sociale dans laquelle vous allez vous dépenser sans compter pendant 27 ans. De simple membre, vous entrez bientôt au Conseil d’Administration, puis au bureau pour exercer ensuite la Présidence de l’Association dont vous êtes depuis 2008 Présidente d‘Honneur. En 2009, vous devenez membre du Rassemblement des Avocats Juifs de France, renouant ainsi avec vos origines familiales. [Je crois qu'il y a ce soir un témoin de votre enfance, votre tante Jacqueline Darmon sauvée pendant la guerre par une institutrice qui deviendra Juste de France.]
En sus de ces différents engagements, vous participez à de nombreux colloques sur des thèmes qui vous sont chers, comme l’amélioration des rapports entre l’administration fiscale et le contribuable, la transmission de l’entreprise agricole ou encore la WA et la profession d’avocat. La presse spécialisée accueille régulièrement vos contributions, telle la Gazette du Palais, la Revue de Jurisprudence Fiscale ou la Gazette Bleue que vous avez créée.
En 2010 et 2011, vous élargissez encore votre périmètre d’action, cette fois vers l’ensemble des professions libérales, en participant à la Commission Nationale du Ministère des Finances, instance consultée sur tout projet de texte applicable à ces professions. Vous émettez un avis sur les codes de conduite élaborés par les « nouveaux arrivants » dans ce secteur, les professions non réglementées dont l’accroissement est considérable.
Cet intérêt nourri pour des professions autres que la vôtre n‘est pas un fait isolé dans votre parcours. On le reconnait également dans vos responsabilités de Secrétaire General du Cercle de Harlay, club de réflexion créé à l’initiative du bâtonnier Jean Castelain et de maitre Danielle Monteaux. Ce think tank représente pour vous un lieu privilégié de conversation où se croisent personnalités issues du monde économique, culturel et social sous l’égide du Barreau de Paris. Sans doute retrouvez-vous dans ces rencontres un peu de l’esprit d’ouverture qui a germé très tôt chez vous par des racines familiales qui s’étendent de la Pologne à la Tunisie en passant par la Flandre et la Normandie ?
S‘il vous nourrit, ce multiculturalisme ne freine certainement pas votre attachement profond à la France et votre fierté d’être aujourd’hui dans son premier ordre pour l’exigence que nourrissez envers vous-même dans les services que vous rendez à vos concitoyens et à vos pairs.
Appréciée pour ses compétences en droit public et fiscal, la récipiendaire est reconnue dans son entourage pour sa clairvoyance et son pragmatisme. Sachant conseiller et écouter, les clients de Nadine Belzidsky lui sont fidèles car elle les guide dans la complexité du monde des affaires. A l’évidence cette femme élégante vit une passion pour le droit et participe ainsi avec un acharnement sans faille à l’œuvre de justice. Qu’ajouter à l’hommage rendu par l’Officiant si ce n’est que la richesse de l’expérience professionnelle de cette grande juriste contribue au prestige de la France ?
Jean-René Tancrède